mercredi 9 juin 2004

Coups de pied au cul et bisous sur la bouche



Instituteurs, professeurs, adjudants chefs et j’en passe, tous ou presque usaient de façons diverses de méthodes coercitives si besoin était.
En ces époques « reculées », je sentais déjà que ces fameuses méthodes sous forme de gifles, oreilles tirées ou coups de pied au cul étaient diversement dispensées
.
Sans être de façon permanente avec les oreilles en choux-fleurs, je n’étais pas non plus le dernier servi. Une chose était certaine, sauf quelques surdoués ou lèche-culs émérites, personne n’échappait à la grande distribution.

Les années ont passé et me voici donc à la Compagnie et curieusement ce trouble sentiment de justice semble s’évanouir. Je pourrais vous exposer les indices qui me mènent à cette réflexion mais je préfère vous livrer plus simplement l’expérience récente d’une de mes collègues afin que vous en goûtiez mieux tous les aspects.

Ce vol vers Mexico s’annonçait sous les meilleurs auspices, bien que fortement encadré par un cadre PNC en lâcher d’un autre cadre PNC temporaire.

Par chance le cadre en CCP et « lâcheur de cadre » avait prépositionné en P4 un de ses amis et collègue steward. Un coup de pot car cela m’évitait ainsi de travailler à ce poste en zone sous haute surveillance.
Par ailleurs, le fameux P4 ne me manquait pas puisque ce dernier avait déjà saoulé tout le monde avec sa maladie incurable. Désolé pour lui mais pas de mon ressort. Cela ne justifiait pas en tout cas la forte médiatisation de sa terrible atteinte sans doute en vue de recherche d’impunité.
Une fois l’embarquement terminé et l’accompagnant du cadre PNC surclassé en P, je goûtais les délices de travailler dans un zone éloignée de ce gisement de professionnalisme.

Totalement dans ses prérogatives, le cadre CCP « lâcheur de cadre » m’avait autoritairement positionné en P11 à mon grand soulagement.

Les passagers de ce vol vers Mexico étaient plutôt plaisants. Même les passagers P, dont aucun ne fit de remarque sur la tenue quelque peu négligée pour la classe 180 de notre accompagnant de CCP cadre en lâcher de cadre.
Bref, tout se passait pour le mieux, outre l’ordinateur de ventes à bord qui ne voulait rien faire d’autre que des longs et répétés inventaires papier. Une fois les acheteurs déçus renvoyés à leur place et les kilomètres de papier ramassés, nous entamions sereinement Richard et moi un tour de garde émaillé de fuite de toilettes et de soiffards en manque d’alcool.

Un court instant de répit nous fit nous retrouver Richard, jeune PCB, et moi pour une courte pause au galley arrière, bien calés sur nos sièges Trigano.
C’est le moment que choisirent le CCP cadre « lâcheur de cadre » et son pote P4 pour faire leur entrée au galley. Instantanément, les nouveaux venus affichèrent vis à vis de Richard un fort intérêt qui me rappelait l’ambiance de drague des bars gays du Castro de San Francisco.
Pour y avoir traîné quelquefois avec des potes homosexuels, j’y avais trouvé l’ambiance agréable et assez éloignée des stéréotypes de notre culture cinématographique.
Bien qu’en pantalon, mon intuition féminine me dit que les deux compères n’étaient pas là pour moi.
Je n’ai rien contre de la drague directe si cette dernière m’évite les gros lourds qui ne pensent qu’à me sauter en me montrant les photos de leurs enfants, femmes, chiens et maisons.
Les assauts auxquels j’assistais étaient quant à eux teintés de la pression hiérarchique d’un cadre PNC envers le pauvre Richard qui ne rêvait que d’entrer dans le compacteur de déchets.

Son malaise faisait peine à voir. Il faut dire que les acolytes n’y allaient pas avec le dos de la cuillère :
« Tu crois qu’il en est ? » disait l’un.
« Il n’y a pas de doute ! » surenchérissait l’autre oubliant un peu vite son accompagnant vautré en 180.
Dégueulasse ! Ils ne l’avaient bien sûr pas touché et encore moins violé mais la sensation était tout aussi pénétrante…
Je vous en parle maintenant car je n’ai pas hurlé à l’époque face à ces gros dégueulasses et je le regrette.
Je vous en parle maintenant pour que vous n’hésitiez pas à hurler dans des situations similaires et ce bien entendu toutes sexualités confondues.

Je vous en parle aussi car si se mêle à cela un rapport hiérarchique cela aggrave la situation.
Fort heureusement les cadres PNC ne sont pas, pour leur grande majorité aussi tordus que le CCP cadre « lâcheur de cadre » précité.
Néanmoins, nous connaissons tous le redressement de discipline qu’est en train d’entamer la Compagnie face aux dérives de certains d’entre nous.
Bagarres, vols, insultes, toute la gamme des écarts amène l’encadrement à sanctionner le PNC.
Rien que de très normal, pour ces brillants sujets.
Un peu moins normales, les sanctions démesurées pour des dérives plus légères.

Pas normal et même insupportable, le laxisme de la Direction face aux écarts de prérogatives du cadre PNC « lâcheur de cadre » que nous avons dénoncé récemment auprès de cette dernière.
Une sanction sur un cas aussi lourd, penses-tu !
Le surdoué sévit toujours sur le protecteur Secteur D de son CDR.


Nous disions récemment à propos de B scale, même travail, même salaire. Nous réaffirmons cette devise de façon disciplinaire : « Même cochonerie, même sanction ».
De la même façon nous imaginons mal un PNC, CCP, CC ou HOT/STW avec les mêmes casseroles au cul et impuni. Pas vous ?