mercredi 10 décembre 2003

Volume 9

Quand tu ne vas pas à Rio…tu ne peux pas monter là-haut !
La route avait défilé rapidement jusqu’à Roissy CDG. Je déposai mon fils au terminal 2 afin qu’il s’enregistre sur le Paris Rio de Janeiro que j’assurai aujourd’hui. Ça faisait cinq ans que je n’avais pas bu de cahipirine et ça commençait à me manquer.
Le télégramme du suivi planning était sans équivoque :
“Prière assurer rotation HMR 22322 du 31/12/00 départ13h50 retour le 03 6h00″.
Pas même à confirmer.
J’étais ravi et j’avais tout de suite proposé à mon fils de m’accompagner pour passer deux jours à Rio. Ça l’avait tout de suite branché comme me l’avait confirmé le long “Cooooooool ” que j’avais reçu en réponse à ma proposition.
Beaucoup moins cool allait être l’annonce sur son portable d’appeler sa maman pour qu’elle vienne le chercher à CDG. Joyeux nouvel an, fiston. Avec les bons vœux d’AF.
Moi pour le nouvel an, j’aurai juste aimé que l’on ne me prenne pas pour un con… tout simplement.
Quelques sournois du suivi planning devaient penser que s’ils m’avaient “télégrammé” le EWR, je ne serai pas venu. La confiance régnait… Air France me prenait donc à la fois pour un con mais aussi pour un glandeur doublé d’un fumiste, mais dans le même temps me confiait la responsabilité sécurité et commerciale de plus 200 de ses précieux clients. Ce paradoxe me troublait. Il faudra que je confie ça à mon chef de secteur, ça me fera du bien… !
Les deux hôtesses devant moi pointaient aussi pour le Rio.
“Suivi Planning» avait été la réponse la plus aimable que l’agent de la banque PN avait trouvée. Ce gars-là n’avait pas de balises à respecter, c’était clair.
Mon galon de CCP me valut le même accueil, juste précédé du verbe “Allez”. Il se bonifiait, c’était évident.
L’amabilité n’était pas non plus au rendez-vous au suivi planning. Malgré les guirlandes de Joyeuses Fêtes, pas de cadeau… Bye bye Rio et destination Newark. Pointage à nouveau à la banque où je croise quelques autres nostalgiques de Copacabana. L’autre agent de pointage me réconcilie avec sa corporation. Ma visite aux PNT me rassure ; Seul le PNC s’est fait « mettre » avec des télégrammes bidons. Pas de synergie sur ce point, ça m’inquiète pour notre ambiance CRM. « Crew Ressources Management » pour les ignares. Le bon relationnel qui évite aux avions de tomber !
Retour à la salle de briefing avec encore un peu de mal à m’asseoir.
Mon dossier de vol est in habituellement épais. Le tic-tac qu’il émet m’inquiète… Il n’y a vraiment pas de quoi car la Division PNT a eu la gentille attention de nous mettre des montres en cadeau pour remerciement du service rendu lors des fêtes de fin d’année. Ce n’est pas nos cadres PNC qui auraient pensé à ça !
Je suis un peu lent en calcul, mais une montre plus une montre ça ne fait que deux montres.
Cette délicate attention, idée de M. Rovetto et Delpech, n’est destinée qu’aux PNT. Corporatisme oblige !
Je me demande immédiatement si la lourde charge de ces deux chefs PNT ne leur a pas fait rater un stage CRM ou plus simplement ne leur à pas ôter toute bienséance.
Pas pressé en tout cas de voler avec ces deux oiseaux-là au vu de leurs notions limitées d’un équipage !
J’enfile donc ma tenue de Père Noël pour gâter mes PNT comme le suggère la lettre d’accompagnement.
Le premier est ravi et l’enfile fièrement alors que l’autre s’inquiète immédiatement de ce que nous avons eu et me la rend pour le plus jeune de l’équipage. C’est beau et sympa ! Y sera jamais chef celui-là…
Comme me l’expliquera doctement plus tard un cadre sol en réunion de délégués du personnel :
“Ils avaient un lot de 800 montres dont ils ne savaient que faire…”
C’est curieux, et je suis sûr que vous êtes comme moi, mais bien rare sont les fois où j’ai eu comme par magie un lot de 800 choses gratuites.
En réfléchissant 90 secondes, soit le temps d’un décollage, j’ai l’impression que d’autres idées plus commerciales et moins polémiques me seraient venu à l’esprit. Mais c’est vrai que réfléchir aussi longtemps semble difficilement supportable, surtout à deux chefs PNT.
Le CC entame le briefing sur un poncif qui vient de prendre un vieux coup dans l’aile : “Dans équipage, il y a équipe….”
A suivre…