mercredi 7 janvier 2004

Volume 10

De nombreux PN se sont reconnu dans mes tribulations. Certains d’entre vous et je les en remercie se sont attachés à me fournir leurs sujets d’énervement. Il est donc tant de les exploiter et donc de poursuivre mes tribulations en racontant les votres…
 
Maurice Herzog, Guillaumet et Mister Freeze avaient tous raison !

Le froid vrillait, écorchait, tétanisait et rendait toute progression difficile.
Le vent n’arrangeait rien et ses rafales glacées transperçaient allégrement ma sur veste d’uniforme et sa doublure minable.
Fatigué par le vol Paris Newark et ses insupportables passagers Fréquence +++, je traînais laborieusement ma valise dont les roulettes gelées ne tournaient déjà plus. Mes chaussures Christian Pellet de leur côté patinaient gaiement et j’en étais à ma troisième chute évitée de justesse. L’image de Guillaumet traversant les Andes avec ses sacs postaux sans roulette…me traversa rapidement l’esprit !
Bizarrement les PNT qui faisaient la trace devant nous semblaient ne pas souffrir du froid bien au chaud dans leurs sur vestes en microfibres et fourrure polaire qu’ils avaient payé moins de points Gismau que les nôtres.
Cette injustice ne m’énerva même pas, l’engourdissement cérébral sans doute…
Leurs boots fourrées semblaient aussi mieux adaptées que mes “Chris PEL”.
L’un des deux regarda la belle montre que lui avaient offerte ses chefs pour ce vol sur les fêtes de fin d’année. Il nous indiqua que nous avions déjà marché 10 minutes, soit deux « blocks ». Les PNT nous abandonnaient, non par lâcheté mais simplement car leur igloo était là, juste sur la droite.
Le moral de l’équipage PNC en prit un vieux coup et la suite de notre progression n’en fut pas facilitée. Heureusement les moins 8 degrés maintenait la neige sèche et seuls nos sauts trop courts au-dessus des caniveaux pleins d’eau et de glace nous détrempaient les pieds.
Certains d’entre nous avaient troqué leurs chaussures d’uniformes pour des chaussures personnelles plus chaudes. Baskets et Timberland, bien qu’éloignées des conseils vestimentaires de notre manuel de l’équipage de cabine, se mariaient à merveille avec nos uniformes tant masculins que féminins. De même quelques doudounes étaient sorties de valises ouvertes dans la neige.
Dans ma valise pour Rio, je n’avais rien trouvé d’adapté, execepté un paréo rose que je m’étais noué sur les oreilles évitant ainsi de les semer derrière moi !
Il nous restait six “blocks” à parcourir avant d’arriver à l’hôtel Millenium de NYC soit huit en tout depuis que la navette avait été bloquée par les festivités de Times Square pour le passage vers 2001.
Le chauffeur avait lâché avec son accent de la New Orléans : « You must leave now ! Good luck ! ».
Dans sa grande sagesse économe, AF ne fournissait pas de manteau ou d’imperméable aux “étudiants” qu’elle embauchait pour les vacances. Celle qui nous accompagnait était en pleurs à cause du froid. Une entrée de Mac Donald nous abrita pour un court instant, le temps de voir passer au loin l’équipage du vol retour dans le même état déplorable que nous !
Hé oui, cette galère était due à l’incompétence de l’escale de NYC qui pensait que Times Square était accessible un soir de 31 décembre. En fait, il n’en avait plutôt rien à foutre car ce devait être la même pagaille tous les ans !
C’est un peu comme donner rendez-vous à quelqu’un sur les Champs Elysées ce même soir. Ça ne viendrait à l’idée de personne sauf à ceux qui décident notre hébergement à NYC. Une telle bêtise me médusait.
Une chose est sûre, contrairement à l’équipage retour qui passait un cordon de police au loin, je n’aurai jamais quitté l’hôtel à pied pour une hypothétique navette.
Bon quant à nous il nous restait à fendre la foule compacte de Times Square pour traverser un large espace libre face à MTV. Palabre dans le blizzard avec un policier pour lui faire comprendre que des crétins avaient réservé pour nous des chambres au Millenium de l’autre coté de la place maintenue vide par lui et ses collègues. Notre allure l’a rapidement ému et fait fléchir.
A peine au milieu de ce no-man’s land, les flashs immortalisèrent notre décrépitude. Pour mon rôle de chef de notre minable file indienne, j’ôtais bêtement mon paréo rose au grand regret de mes oreilles mais pour la grandeur d’Air France et de Skyteam…
A suivre…